Le transfert de souveraineté en Irak - un leurre

LE TRANSFERT DE SOUVERAINTET TN IRAK - UN LEURRE


La souveraineté suppose indépendance politique et liberté d'agir sans contrôle extérieur. Malgré le soi-disant transfert de souveraineté le 28 juin, les Irakiens n'auront pas plus d'autonomie qu'ils avaient avant.

Le mercredi 30 juin entre 18 et 21 heures à la Fontaine des Innocents (Les Halles), se réuniront AAW (Américains contre la guerre) et d'autres groupes pour la paix et la justice basés à Paris, afin de souligner cette imposture et d'exiger :
- La fin de l'occupation
- L'Irak pour les Irakiens
- Le retrait des troupes américaines
- Des réparations inconditionnelles pour la reconstruction du pays.En dépit des efforts de Bush et Cie pour duper le public aux Etats-Unis avant les élections présidentielles de novembre prochain, en dépit de la Résolution 1546 de l'ONU réaffirmant l'indépendance et la souveraineté de l'Irak, les Irakiens ne recouvriront pas leur souveraineté le 28 juin pour les raisons suivantes :

- Les quelques 138.000 troupes américaines et les 23.000 de la coalition resteront pendant une période indéterminée, sous contrôle US, non assujetties à la loi irakienne, et libres de conduire leurs opérations sans l'approbation du gouvernement d'intérim.
- Les contrats signés durant l'occupation par des entrepreneurs étrangers (Halliburton, Bechtel, Carlyle, Martin Marietta et autres) pour la "reconstruction" du pays sont irrévocables, non négociables, et mettent des millions de dollars de revenus potentiels et essentiels hors contrôle irakien.
- Les revenus pétroliers, source principale de devises pour ce pays, deuxième producteur mondial de pétrole, continueront à être placés sur un fonds de développement créé par l'ONU lors des sanctions votées contre l'Irak de Saddam Hussein. Ces revenus ont été en grande partie déjà attribués (plusieurs milliards de dollars de réparations iront à l'Arabie Saoudite et au Koweït ; des millions iront en remboursement de dettes contractées avec des pays tiers).
- La reconstruction et d'autres tâches qui devraient revenir aux civiles seront gérées par la nouvelle ambassade américaine, au total 3000 personnes opérant dans une "Zone Verte" hautement sécurisée.
- Les membres du nouveau gouvernement irakien ont été soigneusement sélectionnés par les Etats-Unis. Plusieurs de ses membres sont liés à la CIA, pour la plupart des exilés soutenus financièrement par les USA. Deux ministres détiennent la nationalité américaine. Les pouvoirs de ce gouvernement reposent entièrement sur l'armée américaine et beaucoup le considèrent comme fantoche.
- Des centaines de "conseillers" seront attachés aux ministères irakiens.

Le but du régime Bush ?
- Créer l'illusion quatre mois avant les élections présidentielles que l'aventure irakienne s'est soldée par un succès
- Garder les contrats juteux de pétrole et se garantir la reconstruction pour les néo-conservateurs et les multinationales qui ont œuvré pour mettre Bush et Cie au pouvoir, car ce sont les motifs principaux de cette guerre
- Engranger des profits pour le complexe militaro-industriel.

La majorité d'Irakiens et d'Américains savent que ce soi-disant transfert de pouvoir est une charade et souhaitent que les USA laissent l'Irak aux Irakiens :
- 92% des Irakiens considèrent les USA comme un pouvoir d'occupation
- 80% des Irakiens ne font confiance ni à la CPA (l'autorité civile américaine) ni aux forces de la coalition
- 67% pensent que ce manque de confiance a eu l'effet d'augmenter la violence
- 55% se sentiraient plus en sécurité si les forces de la coalition partaient
- 61% des Irakiens s'opposent au nouveau premier ministre, Iyad Allawi
- 41% souhaitent un départ immédiat des Américains ; plus de la moitié souhaitent leur départ dans les mois à venir
- 48% des Américains considèrent qu'il est aux Irakiens de décider du départ des troupes américaines
- 52% des Américains pensent que l'on n'aurait jamais dû mener cette guerre, et 42% que les USA devraient se retirer immédiatement ;
- Une grande majorité d'Américains pensent que la gestion de l'industrie pétrolière, comme la distribution d'aide étrangère, devraient revenir au nouveau gouvernement irakien et non pas au gouvernement des Etats-Unis.

De la même manière que "la remise des pouvoirs" le 30 juin ne donnera pas la souveraineté aux Irakiens, elle ne leur donnera pas la paix non plus, comme le suggère la flambée de violence et les récents affrontements :
- Comme ailleurs, les décombres de Fallouja continuent d'être bombardées par les forces américaines. Un plus grand nombre de civiles y ont trouvé la mort -- quelques 900 -- que dans le massacre de My Lai au Viêt-nam
- Depuis janvier, les attaques contre les forces américaines et les civiles étrangers ont triplé
- Les assassinats de politiques irakiens et de civiles étrangers ont augmenté, tout comme le sabotage des pipelines et des lignes électriques.

La présence des forces occupantes ainsi que leur brutalité alimentent la révolte. La notion que le départ des pacificateurs autoproclamés enchaînerait un bain de sang parmi les différents groupes qui s'affrontent, a été discréditée par un sondage commandé par l'autorité provisoire elle-même. Selon celui-ci, 64% des Irakiens considèrent que le soulèvement a eu l'effet de réunir le pays. AAW condamne le régime Bush et les membres du Congrès qui continuent à soutenir une guerre illégale et immorale, apportant une souffrance incalculable à la population et contraignant la majorité des Irakiens à déclarer que la situation était préférable sous Saddam Hussein, dont le départ était justement un des prétextes invoqués pour occuper l'Irak


Sources : Sondage Washington Post/ABC, sondage CPA (Autorité provisoire de la coalition), articles tirés du Washington Post, Independent, Boston Globe.

Americans Against the War - France
26 June 2004